lundi 6 avril 2009

Tokyo Sonata, jolie composition

Les commentaires étaient élogieux, dithyrambiques même pour certains (Prix du jury Un Certain Regard à Cannes, excusez du peu), il n'en fallait pas plus pour titiller mon envie.
Étant dans une passe asiatique heureuse après
The Chaser (ne le ratez pas !), j'ai forcé ma chance et suis allé voir Tokyo Sonata !
Réalisé par Kiyoshi Kurosawa (Cure, Kaïro, Jellyfish)
Avec Teruyuki Kagawa (vu dans
Tokyo! et 20th Century Boys) et Haruka Igawa (2ème film, mais on la reverra, je vous le promet)
Ami lecteur, mon semblable, mon frère, grâce aux indices disséminés ci-dessus, trouveras-tu où se déroule l'action du film ?
Bravo ! Nous sommes donc à Tokyo dans une famille de classe moyenne qui part à vau-l'eau. Le père est licencié de son emploi administratif (crise, quand tu nous tiens), le grand fils passe ses nuits en dehors du nid familial, le benjamin rêve de faire du piano et la femme végète dans son rôle de mère modèle. Le film est centré autour de la désagrégation de cette cellule familiale, métaphore pour traiter certains maux actuels du Japon. Pourtant, à aucun moment Kurosawa n'aura un propos ouvertement politique. C'est une histoire tragi-comique qui se déroule devant nos yeux (qui se délectent) dans laquelle il y a des indices significatifs de l'évolution du pays. On voit que l'autorité traditionnelle du père cohabite mal avec le monde moderne, que le divorce a une place de plus en plus importante (chose totalement absente des films japonais il y a quelques années encore) ou que le chômage est une préoccupation centrale. Tokyo Sonata nous donne à voir un portrait peu reluisant du Japon contemporain, on y apprend beaucoup de choses, par delà les clichés habituels.
Ce déclin familial a d'autant plus de force qu'il est traité très intelligemment. Le film est d'une subtilité sans pareille : plutôt que de nous emporter dans une dépression contagieuse instaurant une atmosphère étouffantes, Kurosawa distille des petites touches d'humour noir, sarcastique. Le film est plein de ces petites soupapes qui soulignent souvent le ridicule de la situation, le stupide des réactions (principalement celles du père). la parcimonie avec lesquels ces moment drolatiques sont distillés n'occulte pas pour autant le sérieux de l'histoire.
La mise en scène est trèèès, propre. Délicate, elle enchaine de très jolis plans millimétrés avec des travellings inspirés, aériens et fluides. Elle reste un peu en retrait, laissant aux interprètes la tâche de nous happer, nous immerger dans leur vie, faire que l'on soit concernés par leurs problèmes, que l'on vibre avec eux.
Et l'interprétation est à la hauteur, Teruyuki Kagawa en tête. Il est superbe dans son rôle de père dépassé, pataud, attentiste et peureux. Il adopte des postures parfois proches de la sensibilité d'un acteur de cinéma muet, trimbalant sa carcasse avec une démarche lourde et saccadée, grimaçant parfois à outrance. Haruka Igawa, quand à elle, nous embarque dans son désespoir magnifique, tantôt fragile femme au service de son mari, tantôt femme forte révélant un caractère bien trempé. Elle est magnifique et illumine l'écran.
Teruyuki Kagawa dans le très joli segment Tokyo Shaking de Tokyo!

Tokyo Sonata est un film subtil et beau, touchant et drôle, de cet humour absurde qui s'empare de nous dans les moments les plus graves. C'est aussi un film qui vous fera finir sur un petit nuage après une superbe scène de fin.

A bientôt, je vous laisse avec Debussy.

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4 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi aussi je cautionne! Et finir le film comme ça, sans morale à deux francs, mais tout en beauté, c'est vraiment la classe suprême!

Korril a dit…

EN y repensant, je trouve que j'ai pas assez insisté sur l'originalité de se films et sur sa beauté. Les décors sont des petits bijoux, extrêmement détaillés, vivants.
Vraiment un film à voir.
La classe suprême, quoi.

Zougne a dit…

ouai... magnifique... l'ai vu hier et j'ai trop envi d'enlever mes chaussures quand je rentre dans ma maison et... Nan vraiment le sens de l'honneur, le non contact entre les japonnais je trouve ça fascinant. C'est la que tu te dit "nan mais franchement on se fais trop de bisous nous (les français)et eux... peut être pas assez"

Korril a dit…

C'est vrai que j'ai oublié d'en parler, mais c'est fou cette absence de contact physique ! Il n'y en a presque pas et c'est ça qui fait qu'on le remarque.
Ce côté très traditionnel, rituel même, les chaussures, le repas très codifié ou cette volonté de ne pas perdre la face, quitte à programmer son portable pour qu'il sonne.

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