vendredi 30 janvier 2009

J'ai fait une IRL !!!

Le 23 janvier j'ai participé à une expérience étrange.
Le genre de truc dont on entend parler, mais où on n'a jamais vraiment l'occasion d'aller. Et puis j'étais ce jour là à Paris, mon train (le moins cher) m'y avait déposé en début d'aprèm, ma chère et tendre étant encore au boulot, c'était le moment rêvé !
De plus, cette Rencontre dans la Vie Réelle (In Real Life) était organisée par Rore à Abbesse, d'où je pouvais aller à pied jusqu'à mon pied-à-terre parisien, en passant par Montmartre en plus.

Petit aparté : Il est primordial pour tout gentleman qui se respecte d'avoir un pied-à-terre dans chaque ville ! Et cossus si possible, c'est l'équivalent de la femme dans chaque port des marins. (bon, perso n'étant qu'apprenti gentleman, je travaille dessus ; aujourd'hui Paris, demain le Monde, muahahahahah)

J'ai donc pris mon courage à deux mains et suis entré dans le bar convenu.

C'était un peu mort.
Genre 5-6 personnes, l'organisatrice absente, et (ô mon dieu !) l'impossibilité de commander de l'alcool à moins d'acheter de la bouffe en même temps. Et le saucisson à Paris, c'est 10 euros au bas mot !
Donc café.
Par contre l'intérêt c'est que, vu l'absence de foule, je me suis retrouvé juste à coté du bloggueur pour lequel je m'étais déplacé ! Mais genre juste à coté !
Au point de pouvoir prendre des photos comme ça :


Il s'agit de Tim, ce mec fait des trucs absolument ma-gni-fi-ques avec de bêtes feutres de couleur. Les mêmes feutres que mes gamins de colo massacrent à longueur d'été en s'en servant comme des poignards sur le papier ("JE FAIS LA PLUIE !"), avec la délicatesse de Jean-Marie Bigard.
En face de lui il y avait un homme fascinant que je ne connaissais pas (je ne suis pas très au fait du petit monde des peoples de la blogosphère) et qui ressemblait fortement à un cousin à moi, mais je lui ai pas dit.
C'est lui, là :


Cet homme a été la révélation de cette IRL (oui, comme à la télé), il s'appelle Maadiar et il m'a appris que les chevreuils avaient des maladies de peau, que le premier chien était chinois et que les phoques avaient des oreilles : un puits de sciences. Et en plus il est aux crayons de couleurs ce que Tim est aux feutres : leur maître !
Du coup je lui ai demandé une dédicace :


Je vous montrerais toutes ces dédicaces quand j'aurai débarrassé mon scanner de la montagne de trucs qui le jonchent.

C'est une étrange chose qu'une IRL, on parle de bande passante, d'Obama, de Tchernobyl et de la chasse au phoque avec des orques dressés. Et puis arrive un de ces moments de silence religieux quand les crayons s'agitent. Inutile de dire que les miens sont restés dans leur trousse tant ils n'auraient pu souffrir la comparaison avec ceux de mes voisins de table. Voisins qui ont cette impressionnante capacité de disserter et de dessiner en même temps. Et bien.
Vous pouvez essayer de me chercher, parmi les célébrités de la blogosphère, sur les jolies photos de Mo, ici.

Et puis voilà. Fort de cette nouvelle expérience, tout fier d'avoir dit plein de conneries, j'ai retrouvé ma belle et suis rentré dans la nuit parisienne. Laissant derrière moi le bar plein à craquer, les participants s'apprêtant à vivre une nuit de folie (à priori).
Et à Abbesse je suis tombé sur cette église étonnante (et floue, je sais), comme sortie d'une BD de Druillet :


Ah, et puis vous devez connaître celle-là :


La prochaine fois, je vous conterai mes vacances dans le Creuse. Ou pas.

Bloggueusement vôtre.

lundi 26 janvier 2009

Louise-Michel et Robert Redford

Oui, je sais, de premier abord, l'analogie entre Louise-Michel et Robert Redford n'est pas évidente.
Mais Robert est le grand patron du Festival du cinéma indépendant de Sundance, festival où Louise-Michel, le dernier film des deux trublions de Groland Délépine et Kervern, vient de recevoir un prix spécial récompensant son originalité. Comme quoi tout est lié, je ne vous le dirai jamais assez !
J'ai été voir l'objet cette semaine et à la question : "Alors, il le vaut, le prix ?" que vous ne manquerez pas de me poser. Je vous répondrai : "Mouais... nan, enfin, c'est plus compliqué que... tu vois ?"
Donc, penchons-nous aujourd'hui sur
Louise-Michel :
Réalisé par Gustave Kervern et Benoît Delépine
Avec : Yolande Moreau ... Louise

Bouli Lanners ... Michel

Louise est une ouvrière taciturne (c'est le moins que l'on puisse dire) elle travaille dans une entreprise qui se retrouve délocalisée du jour au lendemain. Désemparées, les employées décident d'utiliser leur prime de licenciement pour suivre l'idée de Louise : elles vont engager un tueur professionnel pour se débarrasser de leur patron (voyou!). C'est Louise qui s'occupe de l'engager et elle rencontre Michel qui dit pouvoir s'occuper de son problème.
Delépine et Kervern sont des transfuges de Groland, ils en gardent un humour parfois très noir, souvent absurde, décalé et un esprit dénonciateur des injustices sociales. c'est donc parti pour une sorte de road-movie de l'absurde, Poelvoorde en ingénieur déjanté, un handicapé à collerette, une fille-monsieur, un monsieur-fille, tout s'embrouille pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques et une certaine poésie.
On savait depuis Aaltra, que les deux lurons étaient capables de s'éloigner de l'humour, souvent pipi-caca (mais on aime ça), de Groland pour aller vers un propos plus profond et une vraie esthétique. Ici c'est aussi le cas, ils ont parsemé leur film de petite séquences quasi-contemplatives, où l'action est presque absente. Malheureusement il arrive plusieurs fois que ces images viennent casser la mécanique burlesque.
Car Louise-Michel semble osciller entre pure comédie déjantée et film d'auteur chiant où le héros regarde son téléphone sonner pendant un quart-d'heure avant de le décrocher (j'ai pris un exemple générique pour ne vexer personne). Ce qui fait que le spectateur est aussi ballotté entre Bouli Lanners hilarant qui fait des claquettes et Yolande Moreau qui regarde dans le vide comme écrasée par son passée et par extension celui de la classe ouvrière exploitée. Et c'est le grand défaut du film : il n'arrive pas à faire l'alchimie entre les deux, on rit souvent à gorge déployée, on est pris à la gorge par l'interprétation de moreau, mais la transition entre les deux est difficile, le spectateur est le cul entre deux chaises.
Louise-Michel est une farce noire et cruelle qui souffre de problèmes de construction, d'un rythme un peu bancal. mais c'est aussi un film qui renferme un paquet de très bonnes idées et de scènes extrêmement drôles.
Yolande Moreau est impeccable dans son rôle, ouvrière forte comme un bœuf, mutique, effrayante par moment, farfelue, allant jusqu'à éclater d'un rire enfantin. Bouly Lanners est désopilant, mal dans sa peau, tueur maladroit et peureux, il insuffle un vent d'air frais, c'est le côté clown Auguste du duo et il excelle dans le rôle, étant souvent à l'origine du ridicule.
Louise-michel est un film plein d'idées, à la fois désopilant et rude, souffrant d'un rythme particulier, mais qui mérite d'être vu pour son originalité, son ridicule, ses acteurs sensationnels et Salengro !

BANZAÏÏÏ


ps: Spécial big-up à Alexandre et Yoan qui m'ont fait découvrir, respectivement, Crank (aka Hyper-Tension) et Dikenek. Deux grand délires cinématographiques très Sex, Drugs and Rock'n Roll !

lundi 19 janvier 2009

Slumdog Millionaire, Danny's Back !

Il a bousculé la cérémonie des golden globes, volant tous les prix à L'Echange ou Benjamin Button.
Formidable coup de pub pour le film, tremplin vers les oscars, retour en crédibilité de DannyBoyle (régulièrement malmené par la critique) : mais comme souvent lorsqu'un film est soudainement aussi exposé et encensé, la déception est de la partie...

Alors qu'en est-il de ce film au pitch original ? Est-il à la hauteur des attentes qu'il suscite ?
Parlons un peu de Slumdog Millionaire !
Réalisé par Danny Boyle
Avec : Dev Patel ... Jamal Malik (déjà remarqué dans l'excellente série britannique
Skins sur des ados en furie, qui reprend, sur la chaîne E4, le 22 janvier pour sa troisième saison avec un casting tout nouveau !)
Freida Pinto ... Latika
Slumdog est une expression qui pourrait être traduite par "chien d'égout", un habitant des bas-fond qui vivrait dans un taudis, la caste des "intouchables" en Inde. Alors, forcément, quand à Mumbai, anciennement Bombay, un jeune garçon issu des bidonvilles parvient dans les derniers niveaux du jeu "Qui veut gagner des millions ?", exactement le même que le notre avec un Foucault local plus taquin, les autorités se demandent s'il n'aurait pas un peu trichouillé.
Voilà le point de départ du film sur lequel va se greffer tout un tas de flashbacks sur l'enfance de Jamal, le héros, qui vont être autant d'occasions pour faire le portrait très peu reluisant de l'Inde moderne. Car c'est finalement de cela qu'il s'agit, l'Inde et son système de castes ne peut que difficilement accepter qu'un "intouchable" se montre plus intelligent que des avocats ou des professeurs, mais en même temps, globalisation oblige, cette histoire à la Cendrillon fascine les foules et rassemble autour de ce héros.
Le jeux télévisé est la colonne vertébrale du film sur laquelle vont venir s'appuyer des extraits de la vie du héros, et par la même des passages de l'histoire de l'Inde. Pauvreté, corruption, massacres envers les musulmans, instrumentalisation des orphelins reconvertis en mendiants, violences conjugales, sexisme, prostitution, et bien sûr ce qui sous-tend tout le film : le déterminisme social dû au système des castes.
Ce qui est malin de la part de Boyle, c'est de traiter toutes ces tares à travers une success-story. Il ne livre pas un film manifeste, dénonciateur, culpabilisateur, qui pointe du doigt et fait déprimer. Il montre comment un jeune garçon, courageux et malin (comme tous les héros de contes de fée) a réussi à passer outre tous ces handicaps et il le fait avec humour et un sacré sens du spectacle. C'est un film coloré, rythmé, qui ne s'appesantit pas sur les aspects tragiques, sans pour autant les éluder. C'est un film d'apprentissage, un film romantique aussi, parce que forcément tout héros a sa princesse et forcément c'est pour elle qu'il se surpasse (jouée par la belle Freida Pinto). Slumdog Milionaire est un film riche, puisqu'il traite aussi de la fratrie, de l'appât du gain, du développement économique très rapide de la ville, etc.
Danny Boyle réussit en plus à maintenir une tension constante : le jeu télévisé rythmant le film, la pression monte au fur et à mesure des questions. Il faut dire que "Qui veut gagner des millions" est déjà fait de façon à faire monter l'angoisse, mais avec en plus le montage inspiré de Danny Boyle et cette histoire en forme de success-story, on a du mal à tenir sur son siège... Le montage est particulièrement soigné, car le film va parfois reposer sur trois espace-temps différents : le présent, où Jamal s'explique dans le commissariat ; le passé proche quand le commissaire passe la vidéo du jeux ; et les différents flashbacks de l'enfance de Jamal. Le tout pour finir par revenir au présent, sans pour autant perdre le spectateur une seconde. C'est un superbe travail de construction narrative et un montage de haute-volée !
Si on ajoute une interprétation sans faille (la scène de la préparation du sandwich !!!), vous allez me dire que c'est le film parfait. Et bien il y a quand même quelques petits aspects qui gênent.
Le film est un véritable tire-larmes ! En voulant impliquer le spectateur à fond et lui faire ressentir la pression, Danny Boyle a poussé le bouchon parfois un peu loin et manqué de subtilité par moment. Les petits montages de Jamal se remémorant les images de son enfance en léger fondu, les yeux dans le vague, on se croirait dans un clip des 90's !
Mais c'est bien la seule chose que l'on peut reprocher à ce très bon film.
Allez-y, courrez-y, c'est pour toute la famille et c'est du bon !

Bon je vous laisse, j'ai une émission sur le feu et la grande dernière de
Happy Hour ce soir.


EDIT :
Chris Dickens vient d'être nominé pour les oscars dans la catégorie meilleur montage, et franchement, son travail est just awesome !

jeudi 15 janvier 2009

J'ai essayé... (mon top 10)

Mais je n'ai pas tenu !
Des classements il en fleurit plein le web en ce moment, je m'étais secrètement juré de ne pas en faire sur ce blog, et puis j'ai changé d'avis ! Pour plusieurs raisons : parce que, traditionnellement, début janvier j'ai enlevé tous les tickets de ciné de mon portefeuille, et j'ai détaillé tous ces films vus en 2008, me disant qu'il y avait quand même eu du bon cette année.
Et puis parce que j'en ai lu un paquet sur le net et que finalement en lisant celui de Mehdi sur
Theater of the Mind, je me suis rendu compte que je ne serai jamais d'accord, quelle que soit la personne qui le ferai !
Du coup, voici le mien, forcément subjectif, forcément incomplet, mais que je serai près à défendre jusqu'à la mort (ou presque) !


Number 10 :

Johnny Mad Dog (Jean-Stephane Sauvaire)
Très beau film, militant mais qui n'oublie pas l'esthétique, puissant, poignant, porté par des acteurs ecxélents et effrayants. La critique
ici !

Number 9 :

Pour Elle (Fred Cavayé - Vincent Lindon, Diane Kruger)
Un premier film très aboutit, un polar noir, une histoire d'amour qui plonge un homme dans ses retranchements. Vincent Lindon est parfait, et le film n'a rien à envier à beaucoup de thrillers américain. La critique audio dans
ce Truckult !

Number 8 :
Burn after reading (Coens - Georges Clooney, Brad Pitt, John Malkovitch)
La grosse machine comique des frères Coen, un casting survolté et transcendé pour une comédie hilarante qui vire au n'importe quoi et le fait jusqu'au bout ! La critique ici !

Number 7 :

Triangle (Johnny To - Ringo Lam - Tsiu Hark)
Un polar à trois réalisateurs mais qui ne perd pas en cohérence, trois talents confirmés additionnés pour une chasse au trésor déjanté, plein d'humour et de violence. Avec un panel d'acteurs au top. La critique dans
ce Truckult !

Number 6 :

Be kind rewind (Michel Gondry - Moss Deff - Jack Black)
Gondry ne saurai nous décevoir, il fait là une comédie poétique, un hommage au cinéma, une éblouissante démonstration de son talent de bricoleur, Jack Black en fait à peine trop et Moss Deff assure. La critique dans ce
Truckult !

Number 5 :

Teeth (Mitchell Lichtenstein)
Excellent film, qui, sans prétention aucune, délicat, drôle, effrayant et poétique, métaphore intéressante de l'adolescente avec une galerie de personnages originaux. Un film vraiment rafraichissant, original et subtil. La critique
ici !

Number 4 :

ROckNRolla (Guy Richie -Mark Strong, )
Guy Richie qui revient en grande forme, avec un film délirant, survolté comme toujours et peuplé de fous-furieux. Une musique d'enfer, une histoire bien huilée, un bijou qui a eu un passage un peu court sur nos écrans. La critique
ici !

Number 3 :
Sparrow (Johnny To - Simon Yam)
Johnny To, l'homme qui tourne plus vite que son ombre ! Et qui est en train de tourner avec Johnny Hallyday ! (si-si, c'est vrai!) Sparrow est un polar hongkongais sur des pickpoquett de talent, filmé avec talent. Un film aérien, drôle et classe, les acteurs favoris de Johnny To traqués par sa caméra inventive. Malheureusement je n'ai pas eu l'occasion de faire la critique de ce film, je vous renvoie donc à sa fiche
allociné (les liens vers les critiques sont en bas).

Number 2 :

No Country For Old Men (Coens - Josh Brolin, Tommy Lee Jones, Javier Barden)
Encore les frères Coen mais dans un registre sérieux, plein de tueurs, de guns et de déserts. Comme d'hab', des personnages haut en couleurs, une traque impitoyable, de l'humour noir et une coiffure qui fera date pour Javier Barden (par ailleurs excellent, comme le reste du casting). Pas de critque pour celui-ci non plus (d'où la
fiche)...

Number Ouaaaane :
Bons baisers de Bruges (Martin McDonagh - Colin Farrell, Brendan Gleeson, Ralph Fiennes)
La plus belle surprise de cette année de cinéma !
Un film unique, un polar avec un couple de anti-héros loosers, des sujets britanniques en terre belges, des flingues, de la drogue, un nain, beaucoup de répliques cultes, des images magnifiques, et surtout trois acteurs au sommet ! Collin Farrell dans son meilleur rôle, Brendan Gleeson, massif, impeccable comme toujours et Ralph Fiennes, qui impressionne un peu plus à chacun de ses rôles, instable et effrayant. Sans conteste le meilleur moment que j'ai passé dans une salle de cinéma cette année ! et la critique est ici !

Bien sûr, je n'ai pas vu tous les films qui sont sortis en 2008, qui sais, peut-être que Wall.E est encore meilleur...
Et je n'oublie pas non plus Heath Ledger, qui a fournit la plus belle interprétation de cette année. Ni le renouveau des films français avec des "balls",
Mesrines (et son casting gargantuesque), MR73, etc.
J'aurai voulu mettre
Tokyo, juste pour le très beau Tokyo Shaking de Bong Joon-Ho, ou parler de Le bon la brute et le cinglé, pour l'énergie et l'enthousiasme qu'il soulève, ou les claques qu'ont été Iron Man et Hellboy 2, mais on ne s'en serai jamais sortit.
De plus je pense qu'il y en a parmi vous qui ne serons déjà pas d'accord avec ceux-là (et tant mieux), et que les discutions vont être âpres...


So, let's settle that in the street, moron.

mardi 6 janvier 2009

Il Divo, le Divin

Après The Spirit, 2009 commençait mal.
Du coup il il était plus judicieux de se rabattre sur une valeur sûre, un Prix du Jury au dernier Festival de Cannes par exemple. Car il faut savoir une chose, c'est qu'il est toujours moins risqué d'aller voir un Prix du Jury plutôt qu'une Palme d'Or ! La Palme, surtout ces derniers temps, est souvent l'occasion de mettre en avant un message, un symbole, et ce même si la qualité du film n'est pas à la hauteur de la distinction. Le Prix du Jury est un choix moins politique, plus professionnel, il s'agit d'un film bien meilleur la plupart du temps.
Et le Prix du Jury 2008 ne déroge pas à la règle, il s'agit de Il Divo.
Réalisé par Paolo Sorrentino (l'auteur du génial Les Conséquences de l'amour)
Avec : Toni Servillo ... Giulio Andreotti (l'acteur du génial Les Conséquences de l'amour)
Fanny Ardant (avec son nouveau visage, qui ne gâche pas pour autant sa féline présence à l'écran)

Il Divo fait partie de ce genre très en vogue du biopic, il s'agit de la vie de Giulio Andreotti. Ce nom ne vous dit sûrement rien, à moins que vous ne suiviez de très près la politique italienne. Andreotti en est une figure incontournable pendant les années 70 et jusqu'à la fin des années 80 (si vous voulez en savoir plus passez donc sur sa page Wikipédia) il a été sept fois Président du Conseil Italien et encore plus ministre. Et c'est à l'orée de son septième mandat que le film démarre. Mandat qui s'achèvera en 1992 où Andreotti sera mis en examen pour ses accointances avec la mafia. "Il Divo" est un des surnoms qui lui était donné, parmi d'autres comme "L'inoxydable" ou "Le Bossu".
Les premières scènes du film sont explosives, on est emporté dans un tourbillon d'images choc, au point qu'on dirait un film de Guy Ritchie. En quelques minutes Sorrentino impose sa patte, le film est très esthétique, chaque plan est soigneusement composé et la mise en scène est ciselée.
Plus qu'une reconstitution précise des événements historiques, le film est un portrait délicat d'un homme d'état fascinant. C'est un homme à la personnalité atypique, il est taciturne, renfermé mais qui a la réplique intelligente et assassine.
On sent Sorrentino fasciné par son objet, il nous montre Andreotti au quotidien, prostré, bossu, on le sent mal à l'aise dans ce monde, c'est un personnage étonnant, au comportement souvent inattendu.
Plutôt que d'enfiler les scènes de vérités historiques, Paolo Sorrentino a préféré faire parler son talent à filmer l'attente, le silence, à faire de belles images. Le film est une succession de belles scènes portées par une musique toujours impeccable. Sorrentino est un maître du timing, il sait utiliser le ralenti avec pertinence, et calque les actions des personnages sur le rythme de la musique... A moins que ce ne soit l'inverse.
Il fait partie des réalisateurs qui m'ont marqué, ses Conséquences de l'Amour m'ont renversé, dans Il Divo, j'ai été chamboulé par sa mise en scène acrobatique, et cette ambiance feutrée si agréable. c'est un film qui prend son temps et transforme chaque scène, si banale soit-elle, en instant de grâce. Chaque plan est impeccablement composé, chaque mouvement de caméra maîtrisé à la perfection. C'est un bijou visuel.
Le film arrive à nous passionner pour cet homme à l'allure triste et morne. Andreotti est transformé en un pur personnage de fiction, toujours le bon mot, une présence indiscutable et un humour certain. L'interprétation de Toni Servillo est peut-être un peu caricaturale parfois, rendant le personnage très comique. Mais il n'en reste pas qu'il accomplit une sacrée performance. La preuve en est que je ne l'avais même pas reconnu, je me suis posé la question une ou deux minutes avant de rejeter définitivement l'idée (je suis un looser...).
Le reste du casting est un casting de gueules, le réalisateur aime filmer les visages au plus près, les magnifiant.
On pouvait avoir peur de se perdre dans les méandres de la politique italienne, mais le film démarre sur un petit glossaire qui permet d'avoir quelques bases, succinctes, afin de ne pas être laissé sur le bord de la route. De toute façon il suffit de se laisser porter par la maîtrise et le talent de metteur en scène de Sorrentino, il a bien réussi à me passionner pour la vie de quelqu'un dont j'ignorais tout avant la séance.
Pour conclure et avant que je ne parte dans des envolées lyriques, (mal) refoulées jusque là, sur Monsieur Sorrentino : Il Divo est, à mon sens, un régal cinématographique, une ode aux belles images, un délice visuel et musical.

Sur ce, je vais me calmer dans un coin.

dimanche 4 janvier 2009

The Spirit, c'était mieux en 2008...

Voilà 2008 se finit,
je vous ferai grâce des récapitulatifs habituels (genre Top 10 des films, Top 50 des bouses, Top 200 des films avec Gérard Depardieu, Top of the popcorn, Tip Top, Top aux Graphies, Top à l'of, Top là, Top Inambourg, etc.), pour la simple raison qu'il y a beaucoup de films qui m'ont marqué cette année et que je ne suis pas doué pour les hiérarchisations.
Reste à vous souhaiter une moisson 2009 au moins aussi talentueuse que la 2008, et surtout que vous preniez votre pied au cinéma, que vous aimiez les bluettes, les blockbusters, les slashers, ou les comédies dramatico-crise de la cinquantaine (liste non-exhaustive). Le principal c'est que vous passiez un bon moment, que vous oubliiez le monde extérieur, que vous chassiez l'ennui, que vous rigoliez avec des potes, que vous trembliez tout(e) seul(e), ou que vous chialiez en couple. Le cinéma est un divertissement, et il faut qu'il le reste, chacun à sa propre façon de l'apprécier et surtout ne vous laissez pas dicter votre conduite par le socialement acceptable : si vous aimez les films produits par Luc Besson, faites-vous un Tshirt, si vous préférez les comédies musicales, faites-en une chanson, si vous êtes fans de cinéma du Kazakhstan, criez-le à la face du monde !
Oui, moi je kiffe les dessins animés d'Astérix (sauf chez les indiens et les Vikings), j'en récite des dialogues entiers, je chante Le Pudding à l'Arsenic, et j'en suis fier !


Découvrez Gérard Calvi!

Passons aux choses sérieuses après ce coming out spectaculaire, qui risque de bouleverser la blogosphère.
Il est temps de vous parler du premier film que j'ai vu en 2009 : The Spirit
Réalisé par Frank Miller (pour son premier vrai travail en solo)
Avec : Gabriel Macht ... Le Spirit
Samuel L. Jackson ... Octopus
Scarlett Johansson ... Silk N. Floss
Eva Mendes ... Sand Saref

Qu'il était beau sur le papier ce film !
Un maître du comics, un dessinateur de génie, qui se lance à la réalisation après avoir été aux côtés de Robert Rodriguez sur la réalisation de Sin City : Frank Miller. Qui se lance dans l'adaptation d'un comics (que je n'ai pas lu, on ne parlera donc pas de l'adaptation) qui n'est pas de lui mais d'un autre maître du comics : l'auteur Will Eisner (qui est aussi le nom d'un prix très prestigieux récompensant la meilleur bande dessinée américaine de l'année).
Avec en plus un casting trois étoiles, cool et glamour. Et un premier grand rôle pour Gabriel Macht, qui pourrait bien lancer sa carrière pour de bon.
Sans s'encombrer d'une réelle introduction, le film nous lance aux cotés du Spirit, héros masqué de Central City, flic intègre mort, mais vivant, immortel (ou quasi, les balles lui font autant d'effet que des piqûres d'insectes) et sacré dragueur. Il balade sa silhouette droite comme la justice, son visage de minet et sa morale trop propre dans un costard noir que viennent égayer une cravate rouge qui vole au vent et une paire de converses® tellement blanches qu'elles en sont phosphorescentes.
Et comme tout bon superhéros, il a sa Némésis, son supervilain machiavélique : Octopus. Il est interprété par un Samuel l. Jackson en grande forme, tout en regard de psychopathe, tirades enflammées et accès de colère dévastateurs. Il est accompagné de sa femme de main délicieusement coincée : Scarlett Johansson, avec qui il partage un certain sens du ridicule, en se baladant dans des tenues grotesques d'un bout à l'autre du film.On doit au deux compères les meilleures scènes du film. L'absurdité du scénario, la grandiloquence des décors et des costumes (de nazis parfois), ajouté à l'expansivité toujours tenté de second degré de Jackson, au machiavélisme coincé de Johanson, et à la présence d'un petit chaton estampillé "crop meugnon" ou d'hommes de mains clonés stupides, emmènent le film dans des morceaux de bravoure cinématographique d'un ridicule sans borne. Ces moments de grâce comique sont les rares points fort de ce film (même si l'on peut se demander s'ils étaient vraiment voulus).
Car en dehors de cela, le film ne présente que peu d'intérêt; Le scénario est minimal, les dialogues tellement clichés qu'ils plombent n'importe quelle scène et semblent être une sinécure pour les acteurs qui les débitent parfois à la hache (sauf Samuel L. Jackson, qui semble de toute façon avoir pris un certain plaisir à en faire des tonnes). Les personnages sont des coquilles vides, ce qui donne l'impression que les acteurs étaient en mode automatique, le regard vide concentrés sur leur cachet, probablement. En même temps, comment en vouloir à Eva Mendes dont le personnage se résume à une plastique avenante, ou à Scarlett Johanson, qui se débat tant bien que mal pour rendre son rôle de salope guindée un peu consistant.
Les interprétations sont toutes en deçà de ce que l'on pouvait attendre des acteurs (sauf, encore une fois, celle de Samuel L.). Quand au rôle principal, il est bien fade et bien niais, sans que l'on puisse vraiment dire si c'est la faute du scénario ou du jeu de Gabriel Macht, heureusement que son chapeau et sa cravate ont du style pour lui...
Reste l'aspect visuel;
Et là, on sent bien que Miller, c'est sa partie. Les acteurs ont joué principalement devant des écrans verts, du coup les décors sont très beaux. The Spirit est un film numérique, on retrouve ce qui faisait l'originalité de Sin City, des ambiances sombres, des touches de couleur vives, des scènes en noir et blanc : le film nous en met plein les yeux !
Malheureusement, tout cette débauche d'effets visuels est au service d'une histoire dont on se désintéresse très vite avec des acteurs qui donnent l'impression de cachetonner.
les fans sont cruels...

The Spirit est un film d'action bas de plafond avec un scénario minimal et une interprétation médiocre. Sa beauté plastique et les quelques moments incongrus et involontairement drôles ne suffisent pas à en faire un film intéressant.
Attendez plutôt la sortie de Sin City 2 !

Des mages, ce sont des maaaaages !
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