lundi 26 janvier 2009

Louise-Michel et Robert Redford

Oui, je sais, de premier abord, l'analogie entre Louise-Michel et Robert Redford n'est pas évidente.
Mais Robert est le grand patron du Festival du cinéma indépendant de Sundance, festival où Louise-Michel, le dernier film des deux trublions de Groland Délépine et Kervern, vient de recevoir un prix spécial récompensant son originalité. Comme quoi tout est lié, je ne vous le dirai jamais assez !
J'ai été voir l'objet cette semaine et à la question : "Alors, il le vaut, le prix ?" que vous ne manquerez pas de me poser. Je vous répondrai : "Mouais... nan, enfin, c'est plus compliqué que... tu vois ?"
Donc, penchons-nous aujourd'hui sur
Louise-Michel :
Réalisé par Gustave Kervern et Benoît Delépine
Avec : Yolande Moreau ... Louise

Bouli Lanners ... Michel

Louise est une ouvrière taciturne (c'est le moins que l'on puisse dire) elle travaille dans une entreprise qui se retrouve délocalisée du jour au lendemain. Désemparées, les employées décident d'utiliser leur prime de licenciement pour suivre l'idée de Louise : elles vont engager un tueur professionnel pour se débarrasser de leur patron (voyou!). C'est Louise qui s'occupe de l'engager et elle rencontre Michel qui dit pouvoir s'occuper de son problème.
Delépine et Kervern sont des transfuges de Groland, ils en gardent un humour parfois très noir, souvent absurde, décalé et un esprit dénonciateur des injustices sociales. c'est donc parti pour une sorte de road-movie de l'absurde, Poelvoorde en ingénieur déjanté, un handicapé à collerette, une fille-monsieur, un monsieur-fille, tout s'embrouille pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques et une certaine poésie.
On savait depuis Aaltra, que les deux lurons étaient capables de s'éloigner de l'humour, souvent pipi-caca (mais on aime ça), de Groland pour aller vers un propos plus profond et une vraie esthétique. Ici c'est aussi le cas, ils ont parsemé leur film de petite séquences quasi-contemplatives, où l'action est presque absente. Malheureusement il arrive plusieurs fois que ces images viennent casser la mécanique burlesque.
Car Louise-Michel semble osciller entre pure comédie déjantée et film d'auteur chiant où le héros regarde son téléphone sonner pendant un quart-d'heure avant de le décrocher (j'ai pris un exemple générique pour ne vexer personne). Ce qui fait que le spectateur est aussi ballotté entre Bouli Lanners hilarant qui fait des claquettes et Yolande Moreau qui regarde dans le vide comme écrasée par son passée et par extension celui de la classe ouvrière exploitée. Et c'est le grand défaut du film : il n'arrive pas à faire l'alchimie entre les deux, on rit souvent à gorge déployée, on est pris à la gorge par l'interprétation de moreau, mais la transition entre les deux est difficile, le spectateur est le cul entre deux chaises.
Louise-Michel est une farce noire et cruelle qui souffre de problèmes de construction, d'un rythme un peu bancal. mais c'est aussi un film qui renferme un paquet de très bonnes idées et de scènes extrêmement drôles.
Yolande Moreau est impeccable dans son rôle, ouvrière forte comme un bœuf, mutique, effrayante par moment, farfelue, allant jusqu'à éclater d'un rire enfantin. Bouly Lanners est désopilant, mal dans sa peau, tueur maladroit et peureux, il insuffle un vent d'air frais, c'est le côté clown Auguste du duo et il excelle dans le rôle, étant souvent à l'origine du ridicule.
Louise-michel est un film plein d'idées, à la fois désopilant et rude, souffrant d'un rythme particulier, mais qui mérite d'être vu pour son originalité, son ridicule, ses acteurs sensationnels et Salengro !

BANZAÏÏÏ


ps: Spécial big-up à Alexandre et Yoan qui m'ont fait découvrir, respectivement, Crank (aka Hyper-Tension) et Dikenek. Deux grand délires cinématographiques très Sex, Drugs and Rock'n Roll !

3 commentaires:

JR a dit…

Je te trouve dur, mon cher. Sur le film, j'entends.
Je n'ai pas trouvé le rythme si troublant. Ceci dit, j'y allais en quasi-connaissance de cause, après avoir vu Altraa... Justement, par rapport à ce dernier, Louise-Michel est un vrai film, dans le sens où il y a de beaux plans, des idées terribles (l'intrigante intro) et un humour plus direct, voire parfois trash. Mais il est vrai qu'on oscille un peu entre rire fou et propos plus revendicatif (la scène dans l'hôtel,...).
Y'a quand même, pour conclure, une vraie écriture cinématographique, qui suggère sans dire franchement(intro, Kuntz chez Louise, Michel chez ses parents). On peut certes regretter que les auteurs aient voulu mettre le drame social en avant au détriment (encore que) de la comédie pure, alors que ce n'était pas franchement nécessaire.

Un bon flim quand même!

PS: La vérification des mots dans les commentaires, c'est chiant. Des bisous.

Korril a dit…

Je sais, c'est chiant mais c'est pour être sur que tu n'es pas un robot... Ce dont je doute encore.
Par rapport au film : j'avais justement préféré Aaltra, le côté noir et blanc, ou mon amour pour les handicapés peut-être...
Je le trouvai plus aboutit, plus subtil.
Mais j'ai jamais dit que Louise-Michel était mauvais, c'est un bon film, drôle et parfois beau. Juste que j'en attendait plus, pas beaucoup, mais plus.

JR a dit…

Oui. On chipote. Par contre, là, je regarde Armageddon, c'est une sombre merde.

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