mardi 6 janvier 2009

Il Divo, le Divin

Après The Spirit, 2009 commençait mal.
Du coup il il était plus judicieux de se rabattre sur une valeur sûre, un Prix du Jury au dernier Festival de Cannes par exemple. Car il faut savoir une chose, c'est qu'il est toujours moins risqué d'aller voir un Prix du Jury plutôt qu'une Palme d'Or ! La Palme, surtout ces derniers temps, est souvent l'occasion de mettre en avant un message, un symbole, et ce même si la qualité du film n'est pas à la hauteur de la distinction. Le Prix du Jury est un choix moins politique, plus professionnel, il s'agit d'un film bien meilleur la plupart du temps.
Et le Prix du Jury 2008 ne déroge pas à la règle, il s'agit de Il Divo.
Réalisé par Paolo Sorrentino (l'auteur du génial Les Conséquences de l'amour)
Avec : Toni Servillo ... Giulio Andreotti (l'acteur du génial Les Conséquences de l'amour)
Fanny Ardant (avec son nouveau visage, qui ne gâche pas pour autant sa féline présence à l'écran)

Il Divo fait partie de ce genre très en vogue du biopic, il s'agit de la vie de Giulio Andreotti. Ce nom ne vous dit sûrement rien, à moins que vous ne suiviez de très près la politique italienne. Andreotti en est une figure incontournable pendant les années 70 et jusqu'à la fin des années 80 (si vous voulez en savoir plus passez donc sur sa page Wikipédia) il a été sept fois Président du Conseil Italien et encore plus ministre. Et c'est à l'orée de son septième mandat que le film démarre. Mandat qui s'achèvera en 1992 où Andreotti sera mis en examen pour ses accointances avec la mafia. "Il Divo" est un des surnoms qui lui était donné, parmi d'autres comme "L'inoxydable" ou "Le Bossu".
Les premières scènes du film sont explosives, on est emporté dans un tourbillon d'images choc, au point qu'on dirait un film de Guy Ritchie. En quelques minutes Sorrentino impose sa patte, le film est très esthétique, chaque plan est soigneusement composé et la mise en scène est ciselée.
Plus qu'une reconstitution précise des événements historiques, le film est un portrait délicat d'un homme d'état fascinant. C'est un homme à la personnalité atypique, il est taciturne, renfermé mais qui a la réplique intelligente et assassine.
On sent Sorrentino fasciné par son objet, il nous montre Andreotti au quotidien, prostré, bossu, on le sent mal à l'aise dans ce monde, c'est un personnage étonnant, au comportement souvent inattendu.
Plutôt que d'enfiler les scènes de vérités historiques, Paolo Sorrentino a préféré faire parler son talent à filmer l'attente, le silence, à faire de belles images. Le film est une succession de belles scènes portées par une musique toujours impeccable. Sorrentino est un maître du timing, il sait utiliser le ralenti avec pertinence, et calque les actions des personnages sur le rythme de la musique... A moins que ce ne soit l'inverse.
Il fait partie des réalisateurs qui m'ont marqué, ses Conséquences de l'Amour m'ont renversé, dans Il Divo, j'ai été chamboulé par sa mise en scène acrobatique, et cette ambiance feutrée si agréable. c'est un film qui prend son temps et transforme chaque scène, si banale soit-elle, en instant de grâce. Chaque plan est impeccablement composé, chaque mouvement de caméra maîtrisé à la perfection. C'est un bijou visuel.
Le film arrive à nous passionner pour cet homme à l'allure triste et morne. Andreotti est transformé en un pur personnage de fiction, toujours le bon mot, une présence indiscutable et un humour certain. L'interprétation de Toni Servillo est peut-être un peu caricaturale parfois, rendant le personnage très comique. Mais il n'en reste pas qu'il accomplit une sacrée performance. La preuve en est que je ne l'avais même pas reconnu, je me suis posé la question une ou deux minutes avant de rejeter définitivement l'idée (je suis un looser...).
Le reste du casting est un casting de gueules, le réalisateur aime filmer les visages au plus près, les magnifiant.
On pouvait avoir peur de se perdre dans les méandres de la politique italienne, mais le film démarre sur un petit glossaire qui permet d'avoir quelques bases, succinctes, afin de ne pas être laissé sur le bord de la route. De toute façon il suffit de se laisser porter par la maîtrise et le talent de metteur en scène de Sorrentino, il a bien réussi à me passionner pour la vie de quelqu'un dont j'ignorais tout avant la séance.
Pour conclure et avant que je ne parte dans des envolées lyriques, (mal) refoulées jusque là, sur Monsieur Sorrentino : Il Divo est, à mon sens, un régal cinématographique, une ode aux belles images, un délice visuel et musical.

Sur ce, je vais me calmer dans un coin.

3 commentaires:

Zougne a dit…

Ko faut absolument que t'aille voir Twilight !! Huhu t'aurait pleins de trucs a dire !!! c'est trop fort j'avais un fou rire casiment tout du long "je ne veux jamais être séparé de toi...Alors reste" voila un petit extrait des dialogues particulièrement croustillant entre les deux perso principaux. trop drole et les effets spéciaux sont... vraiment à chier c'est trop bien !!

Korril a dit…

Je me pose de sérieuses questions sur tes gouts cinématographique, mademoiselle.
Je crois que je vais déjà aller voir le Che et Louise-Michelle, après...
Étant donné que l'on subi déjà les affiches immondes un peu partout, je ne suis pas sur que je vais me risquer à m'enfermer dans une salle pleine d'adolescente prépubères en folie.

Tu n'en fais pas partie, rassure-moi ?

Fabien a dit…

Mon cher Korril,

Je suis particulièrement heureux qu'Il Divo soit aujourd'hui honoré de la sorte. Je ne l'ai pas vu. Ok.

Lorsque j'officiais dans la valeureuse équipe d'Halluciné, sur l'antenne de PRUN' (Nantes), j'eus l'occasion de proposer un classement de l'année en compagnie de mes collègues et amis, dont tu faisais (et fais) partie.
Premier : Les Conséquences de l'Amour.

A l'époque, une obscure sortie qui n'avait pas tenu longtemps à l'écran. Dommage. C'était une bombe ! Une réalisation feutrée et élégante, loin des clichés. Une retenue, une sobriété incroyables. Et une justesse dans le ton qui tenait en haleine le plus blasé des spectateurs.

Paolo Sorrentino, chapeau. Ton travail paie.

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